Fausse couche précoce : notre histoire

Le 9 Avril dernier nous avions un rendez vous très spécial ! Celui qui pourrait faire basculer notre vie. Pendant que 85% des français désirant un enfant s’envoient juste en l’air, nous nous avons rendez vous pour concevoir le nôtre. Un rendez vous avec la vie.

Un moment tellement émouvant, un embryon de 6 jours (appelé blastocyte AA pour les connaisseurs) parmi les 15 conçus sera « transféré » dans mon « ventre ». Ce moment où la PMA devenait incroyable, magique. Je m'en souviens comme si c'était hier, un moment si singulier, nos yeux brillants et mouillés en voyant la progression de ce petit embryon dans l'échographe.

Un grand sourire de force et de combat s'affiche sur notre visage à la sortie du rendez vous. Le coeur plein d'espoir nous rejoignons notre maison. Et devons maintenant attendre 15 longues journées.

Impatiente que je suis impossible d’attendre, J7 post transfert je dégaine le test. Bon j’avoue je n’y crois pas trop la veille j’ai eu beaucoup de SPM (signes prémenstruels).

Parce que c'est devenu une routine depuis un an et demi, je jette un coup d’œil dessus sans y croire... et c’est une deuxième barre que je vois s’afficher. C’est positif ! Les larmes montent je cours partout je saute partout ! ENFIN ! On a réussi ! Tous se passe très vite, annonce au papa etc on est si heureux.

Mais très vite je sens que quelque chose ne va pas, pourtant le Beta HCG des PDS est au taquet. Tous devrait bien se passer je me rassure en me disant que c’était sûrement la PMA ou le fait d’avoir malheureusement vu d’autres femmes subir une fausse couche. Mais cette intuition ne me quittera pas. Quentin ne réalise pas trop mais il y croit "tout ira bien tu verras."

Un vendredi à 5 SA, je commence à avoir des pertes légèrement colorées mais en même temps c’est le jour présumé de mes règles. Je ne m’inquiète pas vraiment mais appelle ma gyneco par acquis de conscience. Elle me dit de refaire une PDS mais qu’en effet il y a de forte chance que ça soit dû aux règles. La PDS se révèle très bonne et même encore au taquet des taux.

Le week end passe, je vois mon corps changer petit à petit, ma poitrine se développe de plus en plus, quelques nausées arrivent, et les allés retours pipi se multiplient. Je prend l’habitude de parler à bébé le soir, et faire de la méditation car je n’arrive pas à bien dormir. C'est le mardi matin que je me reveille avec un peu de sang rouge. On m’avait dit que c’était fréquent en début de grossesse mais je le sens mal. La gyneco me dit de venir immédiatement. Je me souviens pleurer sous ma douche, mon mauvais préssentiment s'accentu.

Je me dépêche de rejoindre mon mari et on se rend à Paris, au bord des larmes tous le trajet mais je me contiens. Quentin n’ose pas me regarder, je sais qu’il a peur lui aussi mais qu’il ne veut pas m’inquiéter d’avantage. Nous faisons l’écho et quasi tout de suite il est là ! On le vois. Ce petit haricot tous petit petit.

« Il est bien là, il semble bien accroché, malheureusement je ne peux pas prédire une fausse couche durant la grossesse, il est trop tôt pour voir l’activité cardiaque mais pour l’instant il va bien. Mais il va falloir beaucoup de repos. ».

Nous repartons avec cette petite photo de lui. Bizarrement je ne suis pas complétement soulagée, ce foutu présentiment ne me quitte pas.

Nous rentrons chez nous en faisant une pause pour manger à mi chemin car on a quand même 2 heures de route. Nous arrivons chez nous je descend pour ouvrir le portail et je sent couler le long de mes jambes. Je met ma main par réflexe et la couleur tant redoutée apparaît. Je ne serais même pas décrire le sentiment qui m'envahit à ce moment là. Je comprend immédiatement que c'est terminé. Bizarrement je ne cours pas je n’hurle pas. J’attend mon mari. Je lui dis très calmement :

- « je suis entrain de faire une fausse couche », il rigole, « mais non on vient de le voir il va bien »

- « Non j’en suis sûr c’est ça ! »

Je me déshabille dans l’entrée pour lui prouver ce que j’avance, l’hémorragie le convainc.

Je lis le despespoir, la tristesse, la peine, et la pitité dans ses yeux. Je ne vous partagerais pas tous les détails mais c’était horrible.

Le pire moment arrive, celui où je vois la poche. Je ne pensais pas qu’à seulement 5 semaines je verrais quoi que se soit.

J’hurle, je pleure ... je réalise. J’ai tout fait pour le protéger dans mon ventre mais ça n’a pas suffit ... pourquoi ?

Quentin accours pour m’épauler dans la douleur.

Je me lave et appelle la gyneco en pleure qui me confirme que ça ressemble bien à une fausse couche et qu’il faut le confirmer par une PDS.

En même temps je n’ai pas de doute je le sais, je le sens ce vide intersidéral en moi.

On pleure longuement, on se sent perdu, on ne sait pas vraiment quoi faire. Comment en deux heures de temps notre rêve peut s’arrêter là.

Le lendemain la PDS confirmera la fausse couche. Notre rêve s’est arrêté. La gyneco me dit d’arrêter le traitement et d’attendre les règles. Nous la reverons par la suite pour contrôler mon état. Tout vas bien. Elle nous rassure on y est pour rien, ça arrive très souvent malheureusement.

Nous prenons du temps pour nous, on parle beaucoup, et on essaye d’en tirer le positif. L’embryon s’est tout de même accroché, ce qui est un très bon point selon la gyneco.

Nous allons d’abord guérir, nous ressourcer et reprendrons tous ça lorsque nous serons prêts. Aujourd'hui nous allons bien, nous oublions pas mais nous avançons. Notre amour nous rend fort face à ce drame et on se soutient l'un-l'autre.

La fausse couche concerne une grossesse sur quatre. Une femme sur trois connaîtra une fausse couche dans sa vie. C’est encore un sujet tabou comme la PMA, on en parle peu. Le milieu médical est encore malheureusement pas assez formé pour accompagner les couples et femmes dans ce drame. Autant vous dire que le conjoint est encore moins considéré, et qu’il ne disposera vraiment d’aucun accompagnement.

J'espère que le fait d'en parler fera évoluer les choses afin que les femmes et les couples puissent bénéficier du meilleur accompagnement possible.

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