Confession: La peur de devenir adulte

Une citation de Grey's Anatomy me vient souvent en tête :

"Comme tu as grandi. C'est dommage, c'est affreux d'être adulte, crois-moi. Mais le carrousel ne s'arrête jamais de tourner, quoi qu'il arrive."

La première fois que j'ai entendu cette citation je devais avoir 15/16 ans et à cette époque c'est comme-ci cette citation s'était logé dans ma tête malgré moi pour se préparer à m'éclater à la tronche quelques années plus tard.

Aujourd'hui je peux vous dire que cette citation a pris tous son sens ...

J'ai 23 ans et je ne sais toujours pas quoi faire de ma vie.

C'est un peu l'histoire de ma vie en ce moment, depuis que je ne suis plus dans le chemin tout tracé, frayé par mes études, c'est le néant total pour moi.

J'ai grandis dans un foyer aimant, mais avec une présence de mes parents totalement différente. Ma maman étant femme foyer était là tous le temps pour s'occuper de ma soeur et moi. Parcontre mon papa lui à contrario n'était pas souvent là, grand bureaucrate, papa est ingénieur informatique. Pas de bisous le soir en allant me coucher, ni le matin à mon réveil, ni en allant l'école, ni au retour de l'école. Mais il faisait tout son possible pour nous offrir une belle vie, l'accès aux études ect. Ils se complétaient à eux deux. C'est alors que mon cerveau d'enfant s'est dit que pour voir plus souvent papa, il fallait le rendre fier et pour le rendre fier il fallait donc faire comme lui.

J'ai donc tout fait dans mes études pour le rendre fier, et j'ai suivi un parcours qui me permettait de lui ressembler. Mais je me suis trompée. Déjà car ce n'était pas du tout la bonne voie pour moi, et aussi car il n'y avait pas besoin de tout ça pour qu'il soit fier de moi.  

Mais ça je m'en suis rendu compte il y a que très peu de temps. Tout à commencé par:

Une dépression intense à 22 ans.

Alors ça ! Clairement ça vous tombe vraiment sur la gueule comme ça du jour au lendemain. (Désolée pour la vulgarité de mes propos mais ils sont essentiels pour comprendre le coup de massue que j'ai reçu).

Suite à la presque guérison de cette dépression je me suis retrouvée dans une toute autre problématique dont je n'ai toujours pas trouvé la solution:

LA PEUR DE DEVENIR ADULTE !

C'est allé trop vite, alors non je ne parle pas du mariage, ça c'est le truc qui m'aura le plus fait de bien et aidé à aller mieux.

Je parle du reste, du cheminement tout tracé qui se forme dans ta tête quand tu réalises que ça y est ... tu es un adulte.  

J'ai réalisé que j'étais adulte entre mes 22 et 23 ans et non à 18 ans. Comme quoi la société te formate dans des normes à la con. 18 ans tu es un adulte ! Non pas du tout ! Tu es un adulte quand ton conscient l'a décidé. Et je pense que c'est souvent quand tu rentres véritablement dans la vie active et que celle-ci commence à te mettre des bâtons dans les roues. 

"Je ne grandis plus, je vieillis"

C'est bête mais avant je n'avais pas pris conscience que :

Je pouvais mourir ou bien pire mon mari ou mes parents

Je ne grandis plus ... je vieillis ...

C'est moralement possible à mon âge de faire un enfant

Je dois subvenir à mes besoins seule

Mes décisions ont un impact important

Les problèmes que je rencontre sont MES problèmes, plus ceux de mes parents (même s'ils sont toujours là si j'ai besoin)

Bref, tant de choses dont je n'avais pas pris conscience avant, alors là maintenant en prendre conscience tout de suite a été une vraie claque pour moi. C'est la vie qui d'un coup te met un coup aux fesses et te dit : HOOOO ! Ça y est Disney c'est fini ! On enchaîne maintenant !

Je suis pourtant très bien entourée, j'ai une famille adorable et même une deuxième famille maintenant qu'on est mariés, un mari aimant et présent, des amis importants, mais malgré tous ça j'ai des phases où je me sens terriblement seule. Cette foutue impression d'être la seule à ressentir ce sentiment.

Je rêve depuis des années de devenir maman, aujourd'hui, ce rêve n'a jamais été aussi près de se réaliser mais j'ai très peur.

Comment une femme qui n'arrive pas à se voir adulte peut donner vie à un enfant ?

Et ces personnes de notre entourage (si bien veillante ... **rire**) qui vont encore nous démoraliser en nous faisant comprendre que c'est pas comme ça qu'il faut faire, que le bébé c'est pas une bonne idée ect. Alors même si tu essais de passer au dessus, ça te trotte dans la tête car au fond tu es juste HYPER blessé. Car l'être humain a beaucoup de mal à être heureux pour un autre.  

Je suis donc dans une grosse crise existentielle où je ne sais pas ce que je vais faire de ma vie. Suite à ma dépression, retourner chez un patron me parait impossible, j'angoisse rien que d'en parler. Alors je met en place des projets pour être à mon compte et m'auto gérer ... Sauf que j'ai tellement changer de domaine qu'aujourd'hui j'ai peur de me tromper à nouveau. J'aimerais tellement me réveiller un matin et que tout apparaisse comme une évidence.

Et puis on en parle de la société ?

Celle qui te met une pression comme jamais ? Selon la société réussir c'est quoi ? Bien gagner sa vie, avoir un CDI, être marié, propriétaire et pouvoir matériellement avoir de belles choses. Quand les gens te disent "Alors tu fais quoi dans la vie ?", en fonction de ta réponse tu vois très bien le jugement de la société sur toi.

Pour moi la réussite est bien plus subjective et elle est personnelle. Chacun devrait en avoir sa propre définition, pour poursuivre ses rêves et non ceux d'une société bâtit sous des normes bien trop étroites.

Alors je me surprend souvent à être nostalgique de mon passé, et de ma vie d'enfant et d'ado, quand les mots dépression et crise existentielle n'existaient pas pour moi.

Je sais que c'est une "passade" du moins je l'espère, très vite je trouverais réponse à mes questions. Je suis quelqu'un de très positif et qui aime la vie, je suis très heureuse malgré ce soucis qui me parait ENORME. Et je crois au fait qu'un jour je trouverais "mon crush professionnel" et que ce métier me permettra d'être encore plus épanoui.

J'ai écris ce texte avec mon coeur et beaucoup de difficultés, car ça me fait du bien. Mais c'est aussi la première fois que je met des mots sur cette période difficile de ma vie.

Merci pour votre présence et bienveillance.

Love. love.

Tiffany.M

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